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Qu?bec Cr?dit d?imp?t cin?ma et t?l?vision - Gestion SODEC
Fonds documentaire Rogers
SODEC Soci?t? de d?veloppement des entreprises culturelles ? Qu?bec
Gouvernement du Canada Cr?dit d'imp?t pour film ou vid?o canadien
Radio-Canada
Canal D
Émile "Cisco" Normand, musicien de jazz, s'adonnait au vibraphone et à la batterie. Il a joué avec les plus grands, mais l'histoire d'amour a pris fin il y a quinze ans lorsqu'il a dû se résoudre à vendre ses drums.
Terri Vanier est chanteuse, elle louvoie entre Piaf et les classiques américains. L'époque des cabarets est révolue, mais elle continue à rêver et organise ses propres soupers-spectacle.
Mariette Fortin-Ruiz a joué du pinceau dans les années 70 et 80. Aujourd'hui, elle se fait philosophe et tente d'assumer ses soixante ans.
Corina Lac, née à Vienne de parents yougoslaves, a été un temps, trop court, chanteuse lyrique. À 83 ans, elle vient de terminer l'écriture de son autobiographie et cherche preneur.
Guy Provencher a été l'homme d'un personnage, Bill Wabo, des Belles Histoires des pays d'en haut. Il fait encore de courtes apparitions au cinéma et ne regrette pas ses années de gloire, abîmées par la colère et l'alcool.
Jean Côté a écrit, écrit, écrira. Pas question pour lui de prendre sa retraite, il occupe ses temps libres à pointer gentiment les travers de ses voisins de palier.
Mélody a dansé dans les cabarets, elle attend aujourd'hui la mort. Tranquillement et sans regrets, entre deux verres de bière.
Guy Nadon, le roi du drum, continue de taper sur tout ce qui lui tombe sous la main. Il déplore le peu d’intérêt accordé au jazz, mais ne changerait rien à sa vie s’il en avait le pouvoir.
Comment l'idée de tourner un documentaire au Chez-Nous des Artistes vous est-elle venue ?
Ma mère, qui a plus d'une fois assisté au spectacle que donnent les résidents du Chez-Nous des Artistes à la Fête nationale, m'en avait parlé comme d'un lieu habité par des personnages surprenants, hors du commun. Après La fiancée de la vie, un documentaire où je m'étais intéressée au rapport des enfants avec la mort, j'avais envie de faire un film avec des personnes âgées, peut-être parce qu'elles sont à la fin de leur vie. J'avais aussi envie de faire un film de groupe. J'ai été persuadée que c'est bien ce que je devais faire lorsque j'ai revu Le baiser de Tosca, ce film remarquable que Daniel Schmidt a consacré aux retraités de l'opéra réunis à la Casa Verdi de Milan. Je trouvais très émouvants ces artistes qui vivent de leur passé et j'ai voulu aller y voir de plus près. Un artiste prend-t-il sa retraite? Cesse-t-il jamais d'en être un? Je me suis rendue au Chez-Nous des Artistes avec cette question en tête, sans trop savoir ce que j'allais y trouver.
Ces gens étaient-ils tels que vous les aviez imaginés ?
Je m'attendais à plus de regrets, plus d'amertume, particulièrement chez ceux qui n'ont pas eu le succès espéré. Or, j'y ai retrouvé beaucoup de vie, une sorte de folie au quotidien, de l'enthousiasme, un côté ludique très marqué chez plusieurs d'entre eux. Ce qui ne m'a pas empêché de filmer aussi quelqu'un comme Melody, une femme très seule, qui attend la mort en comptant ses bières et ses cigarettes et qui assume complètement. Ce qui distingue ce lieu des autres résidences pour personnes âgées c'est que bon nombre de ses résidents n'ont pas eu d'enfants. Ils se sont donc recréés une famille à l'intérieur du Chez-Nous, ce qui est assez unique.
Cherchait-on à performer pour la caméra ?
Pour plusieurs d'entre eux la présence d'une équipe de tournage constituait une occasion rêvée de faire du spectacle, d'avoir de nouveau un public. La caméra était pour eux une alliée et s'ils savaient parfois l'oublier, ils n'hésitaient pas à en jouer comme d'un instrument. Ces gens-là ont besoin d'être aimés, ils veulent rejoindre le public, nous étions des spectateurs privilégiés.
D'où vient le titre : Un toit, un violon, la lune ?
De ma rencontre avec la chanteuse lyrique Corina Lac, une femme qui me touche beaucoup. Je me suis tout de suite dit qu'il suffirait de peu pour donner toute la mesure de cette femme : un toit, un violon, la lune.
Un mot pour décrire le Chez-Nous des Artistes.
Création me vient immédiatement en tête. Celle qu'ils mettent dans leur vie de tous les jours. La plupart des résidents du Chez-Nous des Artistes sont fantaisistes, ils aiment jouer. Ils sont beaucoup en représentation, même entre eux, tout à fait conscients du spectacle qu'ils offrent aux autres.
Que recherchez-vous à travers le documentaire?
À retrouver, à explorer des émotions qui me sont familières chez des gens qui me sont étrangers. Cela part toujours de questions que je me pose. Dans La fiancée de la vie je revenais à ma propre peur, enfant, de voir ma mère mourir. Cette fois-ci je voulais voir comment cela se passe quand on ne peut plus exercer un art auquel on a beaucoup donné.
Que souhaitez-vous que l'on retienne des résidents du Chez-Nous des Artistes ?
Je voudrais qu'on s’intéresse à leurs projets et à leurs rêves, que l'on comprenne qu'on ne cesse jamais d'être artiste. Corina Lac a écrit ce livre sur sa vie qu'elle voudrait tant faire publier. Cisco Normand fait un retour sur scène malgré l'usure de son corps. Terri Vanier monte ses spectacles et en vend elle-même les billets. Et il y a Mariette Fortin-Ruiz, qui en est à peindre ses portes d'armoire ! Cela ne s'arrêtera donc jamais…
Propos recueillis par Michel Coulombe.
Un petit miracle tout en présences (...) Une œuvre vibrante, émouvante
Infiniment touchant
À voir et à vivre avec émotion
Très émouvant (...) d'une poignante vérité
Filmmaker Carole Laganière is exceptionally skilled at relating to her subjects; she asks tough questions about success, failure or approaching death, but respect and pleasure infuse this film with a depth reminiscent of the ballads of Edith Piaf, and a touch of the whimsy of Fellini’s Juliet of the Spirits
Hot Docs 2003, Toronto Meilleur documentaire canadien (moyen-m?trage)
Ils ont chanté, ils ont dansé, ils ont peint. Si certains ont connu le succès, ils ont pour la plupart vu leur élan brisé trop tôt. Ces artistes vivent aujourd’hui sous le même toit et rêvent d’exister encore.
Ils ont fait du music hall, ils ont chanté, ils ont dansé. Certains ont connu le succès, d’autres ont vu leur élan brisé trop tôt. Ces artistes n’ont plus 20 ans, mais ils ont été aimés et rêvent d’exister encore. Ils vivent sous le même toit, au Chez-Nous des Artistes à Montréal.
Le film va à la rencontre de personnages émouvants et témoigne de leur présent – celui d’artistes devenus vieux et qui n’ont pratiquement plus d’occasions d’exister dans le regard du public. Un portrait doux amer d’êtres vibrants et plein d’humour.