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Au cours de son adolescence en Tunisie, Hatem a été captivé par le « rêve américain » que lui et ses amis découvraient à la télévision et au cinéma. Puis un par un il a vu ses amis partir à l’étranger, jusqu’au jour où quelqu’un lui a donné un dépliant d’Immigration Canada. «Je l’ai lu le soir-même et je me suis dit : c’est là que je veux vivre.» Il a appelé aussitôt sa future femme pour lui demander si elle accepterait de vivre à l’extérieur de la Tunisie : quand elle a dit oui, il a entamé un processus d’immigration qui a duré 4 ans.
Hatem Ksair, 34 ans, père d’une adorable petite fille de trois ans, est diplômé universitaire, intelligent et ambitieux : après avoir cherché pendant un an du travail dans son domaine, la gestion, il a consacré ses dernières économies aux cours de taxi. Aujourd’hui il conduit un taxi six nuits par semaine dans les rues de Montréal et doit composer avec l’impact de ce travail sur son couple et sur sa santé, et les cicatrices laissées par la perte de ses rêves.
Saroj Dash, cet homme aux emplois nombreux mais sans habileté apparente exceptée sa générosité naturelle, arrive à l’école sans aucun plan pour la suite. Avec sa difficulté en français et son anglais presque impossible à comprendre, il devient rapidement la cible de quelques blagues à l’école de taxi. Il semble en arracher, se faisant aider par les autres autour de la table. St-Cyr l’a déjà étiqueté comme un perdant, dès le premier cours – mais il y a quelque chose de magique à propos de Dash…
Il est marié à une belle femme et dirige une communauté bangladaise hindoue. Il a déjà été propriétaire d’une pizzeria, il y a de cela quelques années; il a perdu tout son argent quand elle a brûlé. Il n’a pas encore avoué à ses amis qu’il livre désormais des pizzas de chez Mike’s pour gagner sa vie. Dash est un aventurier malchanceux : durant la guerre avec l’Indonésie, il a fait son chemin à travers l’Asie pour finalement être arrêté au Timor oriental. Ayant eu à compter sur son intelligence pour s’échapper, il fonde désormais ses espoirs sur l’école de taxi, qui l’aidera à se sortir de ce trou qu’il s’est lui-même creusé.
Normand St-Cyr est un homme qui adopte naturellement le rôle de chef de famille. Il est robuste, tant de corps que d’esprit, et les années d’observation passées derrière le volant et devant une classe semblent l’avoir doté d’une sagesse exceptionnelle. Son plus grand atout est sans doute son sang-froid : il encourage ses élèves tout en les mettant au défi, manie la fermeté et la bonhomie, toujours de manière à ce qu’ils cheminent en étroite collaboration. « Ça prend du temps », affirme-t-il. « Il y a des élèves avec qui c’est plus difficile, mais après la troisième semaine, la majorité fonctionne bien. »
Au-delà de sa personnalité d’animateur de talk-show, de son don pour siffler juste à n’importe quel moment, au-delà de la gentillesse qu’il a de nous ouvrir l’accès à l’école du taxi ou de son talent à rendre intéressant un cours officiel sur la conduite du taxi, Normand St-Cyr donne à la trame du film un éclairage nouveau : lorsque nous apprenons les détails des tracés de la ville ou de l’étiquette à respecter avec les passagers, c’est à toute une leçon de vie sur l’intégration, les relations interpersonnelles et la bonté humaine que nous assistons, une sorte d’alternative aux fameux accommodements raisonnables du Québec.
M. St-Cyr est un personnage plus grand que nature, et c’est à travers lui que se reflètent un peu plus distinctement les personnalités de tous nos protagonistes, à chaque nouvelle classe.
Il y a cinq ans, j’immigrais au Canada, un pays qui allait m’offrir opportunités et défi professionnel, avec la sérénité qui fait sa réputation. J’ai été chanceuse : comme je venais de l’Australie, personne n’a remis en doute mes compétences, mes diplômes universitaires et mes origines. À l’intérieur de ce pays nordique, j’ai eu beaucoup de soutien dans le développement de ma carrière de cinéaste. Mon histoire n’est cependant pas celle de tout le monde.
Tandis que je montais mon film Bas! Au-delà du Red Light avec Hubert Hayaud dans le local lumineux d’une ancienne école publique montréalaise, j’ai été confrontée à une réalité très différente. Pendant plusieurs mois, dans le corridor longeant notre salle de montage, à la recherche d’un café ou d’un lunch, j’ai rencontré des étudiants qui s’étaient inscrits pour les cinq semaines de cours de taxi : ils venaient de partout dans le monde, armés souvent de nombreux diplômes et d’une vie riche en expériences. Tous avaient cherché du travail dans leur domaine d’expertise, mais devant l’échec se sont retrouvés dans cette école.
Pourquoi eux et pas moi? J’ai cherché des réponses auprès des élèves, des professeurs et d’autorités reconnues, comme François Crépeau, professeur à la faculté de droit international de l’Université McGill, et c’est ce processus qui a mené naturellement à ce film. J’ai alors constaté que le système, tel qu’il est, ne sert ni le Canada, ni ces gens que nous encourageons à immigrer. Hubert Hayaud m’a accompagnée, à la caméra et au montage, dans cette aventure.
En tant que documentariste et journaliste, je me suis toujours concentrée sur les êtres humains, sur nos points communs, sur les réalités que nous partageons et sur les manifestations tout à fait uniques de celles-ci sur nos vies individuelles. Je crois que dans le documentaire, quand on met les histoires humaines à l’avant plan, les enjeux – le droit à la justice, la dignité, la paix, la protection et l’amour – deviennent soudain clairs et personnels.
Suivant les thèmes-clés de l’appartenance et de l’exil touchés par Bas! – l’histoire de treize adolescentes rescapées des bordels de Bombay qui espèrent un meilleur avenir – Taxi retrace les tentatives d’intégration au Québec d’un groupe d’immigrants qui suivent des cours de taxi.
Chaque année, l’équivalent d’une petite ville immigre au Canada. Incités par le programme « Travailleurs qualifiés », les immigrants viennent avec des diplômes supérieurs et des espoirs encore plus élevés, après avoir traversé le long et coûteux processus d’obtention de visa. Peu après leur arrivée, la moitié trouveront leurs espoirs déçus et leurs diplômes dévalués. Contrairement à Immigration Canada, beaucoup d’employeurs potentiels ne cherchent pas à reconnaître la valeur des compétences professionnelles des nouveaux immigrants.
Dans la première année, 20 % de tous ces nouveaux résidents retourneront dans leur pays d’origine, mais plusieurs persévéreront et joueront leur avenir sur leur capacité de s’adapter, d’endurer et de développer des stratégies de survie. Parmi ceux qui restent, certains finissent par devoir affronter ce qu’ils avaient laissé derrière, alors qu’ils s’engagent dans l’univers compétitif, dangereux et parsemé de ségrégation raciale des chauffeurs de taxi.
Nous avons tous déjà rencontré des chauffeurs de taxi immigrants, mais nous connaissons peu leur vraie histoire. Vivre avec eux le percolateur intense que sont les cinq semaines de cours à l'école de taxi m’a donné un nouveau regard sur la situation de ces immigrants et j’espère que leurs parcours apporteront un nouvel éclairage à notre perception collective.
Le taxi c’est la métaphore de la migration globalisée de notre monde actuel. L’école de taxi agit comme un portail à travers lequel nous voyons ces immigrants affronter les réalités de leur terre d’accueil. Il y a beaucoup en jeu, leur famille dépendant d’eux, à des milliers de kilomètres de là. Ils devront trouver une façon de survivre, même s’il n’y a aucune garantie qu’ils vont réussir, passer leur examen, trouver de meilleurs emplois, avoir leur place dans l’environnement culturel du Québec, même s’il n’est pas sûr qu’ils décideront d’y rester, malgré les années d’efforts que cela leur a pris pour atterrir ici.
Le film pénètre l’existence de nos personnages à ce moment crucial. Le processus de changement accroît leur vulnérabilité – c’est ce que nous vivons tous lorsque nous changeons d’emploi, de partenaire, de maison, ou que nous perdons des êtres chers – mais pour ces immigrants, c’est tout cela qui arrive en même temps.
Comme immigrante, je sais que personne ne peut nous préparer à la crise intérieure et extérieure que peut déclencher le processus d’immigration et d’intégration. Nous voulons tous faire partie de quelque chose – d’un pays, d’une communauté, d’une famille – mais inévitablement, pour laisser place au nouveau, il faut abandonner l’ancien…
Taxi met en lumière un système défectueux, tout en saluant le courage de ceux qui doivent le confronter chaque jour pour survivre.
Wendy Champagne
Dans les coulisses d’une école de taxi à Montréal, Taxi traque le quotidien d’immigrants venus à la recherche d’un avenir meilleur qui apprennent les rouages de leur nouveau milieu de vie. Incapables de se trouver un emploi dans leur domaine d’expertise, ils affrontent le parcours exigé pour décrocher le permis de chauffeur de taxi et se fraient un chemin à travers les rues souvent hostiles de la ville. Tout en composant avec les défis du nouveau métier et avec leurs responsabilités familiales, ils mettent en perspective leurs espoirs d’aujourd’hui et les rêves qu’ils avaient en recommençant leur vie au Québec. Comme la majorité des immigrants qui arrivent au Canada chaque année, ils ont dû franchir un processus de sélection exténuant, qualifications et diplômes supérieurs à l’appui, pour se rendre compte, au final, qu’ici ils doivent recommencer à zéro.
Un film chaleureux sur la traversée des frontières, réelles et rêvées ; vous ne verrez plus votre chauffeur de taxi de la même façon.
Dans les coulisses d’une école de taxi à Montréal, Taxi traque le quotidien d’immigrants venus à la recherche d’un avenir meilleur qui apprennent les rouages de leur nouveau milieu de vie. Incapables de se trouver un emploi dans leur domaine d’expertise, ils affrontent le parcours exigé pour décrocher le permis de chauffeur de taxi et se fraient un chemin à travers les rues souvent hostiles de la ville. Tout en composant avec les défis du nouveau métier et avec leurs responsabilités familiales, ils mettent en perspective leurs espoirs d’aujourd’hui et les rêves qu’ils avaient en recommençant leur vie au Québec. Avec humour et émotion, le film raconte les sacrifices, les espoirs et les déceptions qui ont mené ces immigrants instruits derrière le volant de nos taxis.
Hatem Ksair, arrivé de Tunisie avec sa femme la tête pleine de rêves et le diplôme universitaire en poche, assume avec philosophie sa condition de chauffeur de nuit dans les rues glacées de l’hiver. Pour Saroj Dash, immigré du Bangladesh, optimiste invétéré qui a échoué dans plusieurs tentatives de partir en affaires, l’école de taxi est la dernière chance. Autour d’Hatem et Dash, on découvre Fils-Aimé Lubrene, Haïtien d’origine, qui est engagé dans une course contre la montre pour obtenir son permis de taxi et ainsi faire fortune, même si ses problèmes personnels lui prennent le plus clair de son temps, ainsi qu’Hamid Lardi, architecte venu du Maroc, qui arrive à l’école amer et désorienté à la recherche d’un moyen de retourner chez lui. Ils ne sont pas si différents des quelques 150 000 autres immigrants économiques qui arrivent au Canada chaque année : ils ont eu à franchir un processus de sélection exténuant, qualifications et diplômes supérieurs à l’appui, pour se rendre compte, au final, qu’ici ils devront recommencer à zéro.
Pendant les cinq semaines de cours, alors qu’ils apprivoisent la carte de Montréal et se démènent pour décrocher leur diplôme de chauffeur de taxi, nous vivons leur quotidien, au fil d’histoires authentiques et complexes, qui nous rappellent avec quelle facilité nous reléguons les étrangers en marge de notre société.
Un film chaleureux sur la traversée des frontières, réelles et rêvées, qui vous fera porter un autre regard sur votre chauffeur de taxi.