Les journées que j'ai passées avec les résidentes et les intervenantes, les scènes que j'y ai tournées, sont parfois sombres, parfois lumineuses. Les récits de la violence subie, les doutes, les peurs quant à l'avenir sont certes au cœur du propos. Mais parallèlement à l'intensité de ces moments, il y a une vibration toute particulière dans cet endroit où les femmes se reconstruisent. De n'être pas seules à affronter leur passé crée une incroyable solidarité, des moments paisibles, joyeux même. Le fait de pouvoir "ventiler" (expression chouchou en relation d'aide!) avec les intervenantes et avec leurs consœurs permet aux femmes de redevenir celles qu'elles étaient avant les agressions. Cela leur donne l'élan pour renouer avec le bonheur.
Ce projet, je le porte depuis que j'ai commencé à faire des films. Une femme très proche de moi, quand j’étais au Cégep, s'est retrouvée sous la coupe d'un mari violent et manipulateur. Les maisons pour les femmes victimes de violence conjugale étaient rares à l'époque, j'ai réussi à la convaincre de se réfugier chez sa sœur, à la campagne. Mais sa sœur n'était pas une intervenante, elle n'avait pas d'outils pour aider mon amie à se rebâtir, et Sylvie a fini par retourner avec son mari. C'était une femme qui avait perdu sa mère très jeune, qui avait un grand vide affectif que son conjoint réussissait parfois à combler. J'ai appris récemment, en la retrouvant grâce à Facebook, qu’elle avait finalement quitté son conjoint violent et rencontré, à 40 ans, un homme doux, aimant, qui lui a permis de mettre un baume sur ses blessures.
Ce film, j'ai envie de le faire pour les Sylvie de ce monde. En espérant être un tout petit rouage qui leur permettra d'entrer dans la vie, enfin, la tête haute.
Fuir est tourné dans une maison pour femmes victimes de violence conjugale. C’est un film qui témoigne du courage de femmes qui pour la plupart témoignent à visage découvert.
Fuir est tourné dans une maison pour femmes victimes de violence conjugale. C’est un film qui témoigne du courage de femmes qui pour la plupart témoignent à visage découvert. C’est une chronique avec ses hauts et ses bas, ses moments dramatiques et heureux, et au centre de laquelle se trouvent résidentes et intervenantes.
L’action de Fuir se déroule sur plus de trois mois et nomme les blessures immenses des femmes violentées et la grande générosité de celles qui tentent de les réparer.