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SODEC Soci?t? de d?veloppement des entreprises culturelles ? Qu?bec
Gouvernement du Canada Cr?dit d'imp?t pour film ou vid?o canadien
T?l?-Qu?bec
LES EXPERTS
Jean-Claude Kaufmann Jean-Claude Kaufmann, sociologue et écrivain français, est l’auteur de l’idée qui traverse les trois épisodes de la collection produite par InformAction sur la vie en solo, la « trajectoire d’être soi ». Cette idée trouve son apogée dans son livre le plus récent – qui a eu un énorme succès – et qui s’intitule précisément L’invention de soi. Il a étudié le phénomène des « solos » à l’échelle de la Communauté Européenne.
« Une révolution est en passe de changer le monde. Comprendre où elle nous entraîne est une urgence vitale : pour le meilleur et pour le pire, nous sommes désormais entrés dans l’âge des identités. »
Richard Lefrançois Richard Lefrançois est professeur titulaire (à la retraite) du Département de psychologie de l'Université de Sherbrooke et chercheur au Centre de recherche sur le vieillissement de l'Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke. Auteur du « bestseller » Les nouvelles frontières de l’âge (Presses de l’Université de Montréal, 2004).
« Si on est trop isolé et que le sens de notre vie est peu défini, on peut devenir une proie facile pour l’univers de consommation, les sectes, etc. qui ciblent précisément ceux et celles qui cherchent à combler leur solitude. Donc, on pourrait dire que notre société a davantage besoin d’espérance de sens que d’espérance de vie. À quoi bon une longue vie si son sens nous échappe. »
Cynthia Schelcher et Christelle Hopfner Cynthia Schelcher et Christelle Hopfner (respectivement âgée de 24 et 25 ans), finissantes de l’École d’architecture de Nancy, ont été primées pour un concept audacieux, présenté dans le cadre du Concours International de Conception Espace Habitable 3ème, 4ème âge. Ce concours exigeait des jeunes architectes d’imaginer un lieu où prendre leur retraite. Elles ont eu l’audace de regrouper dans un même complexe immobilier à caractère évolutif des étudiants et des seniors vivant en couple ou en solo. Chaque unité de vie est distincte, mobile et peut être adaptée aux besoins de chacun.
« Créer un tel projet n’était pas évident : nous sommes entrées sur le marché du travail en septembre 2004, en stage, à Paris, alors, d’imaginer notre retraite, c’était difficile. Ce sont plutôt nos enquêtes auprès des populations ciblées qui ont guidé notre travail. Une seule chose dominait toute la scène : chacun veut rester autonome, chez soi, le plus longtemps possible. Ce fut le point de départ de notre réflexion. »
Kerstin Kärnekull, jeune soixantaine Kerstin est l’une des architectes suédois qui depuis 20 ans participent à la recherche dans le domaine des lieux d’habitation adaptés à la croissance de la population vieillissante. Plusieurs projets sont déjà en route et ne cessent de se multiplier, comme les maisons collectives pour les 40 ans et plus. Kerstin vit elle même dans l’une des maisons collectives qu’elle a conçue : Färdknappen.
« Chaque locataire y possède son propre appartement mais partage des aires communes, telles que le salon-bibliothèque, l’atelier de travail, les salles de sports, et le restaurant qui est le cœur de la maison. À tour de rôle, quelques locataires préparent le dîner pour le groupe. Chacun est libre d’y participer, mais c’est une occasion de rencontrer ses voisins, et socialiser. » « Quand, après mon divorce, j’ai su qu’un immeuble de mon quartier était quasiment inhabité, j’ai vu la possibilité de le transformer en collectif d’habitation et j’ai déménagé, pour ainsi dire, dans mon rêve. »
Le Professeur Tsutomu Hasegawa Cet ingénieur de Fukuoka rêve de la cohabitation entre robots et humains. Loin d’être de la science-fiction, son ambition prend déjà forme, car on y construit en ce moment une île artificielle pour y loger des personnes âgées qui y vivront accompagnées de robots, avec les développements les plus sophistiqués de la robotique.
« La ville de Fukuoka désire développer l'industrie de la robotique afin qu'elle devienne une de ses forces majeures. Mes recherches portent sur les robots dotés d'intelligence artificielle. Nous désirons créer des robots capables de communiquer avec les humains, des robots qui effectueront des tâches dictées par les humains. Ainsi, les personnes âgées pourront cohabiter avec les robots… aller faire des courses ou prendre une marche avec leur robot. »
LES SOLOS SENIORS
Les participants au Québec
Edna de Beaumont, 90 ans Edna vit à Hull depuis toujours. Veuve depuis près de 25 ans, grande voyageuse, encore très active, elle désire tellement demeurer seule dans sa maison familiale qu’elle a découvert un organisme qui lui offre un service nouveau genre : Les Habitations partagées. Cet organisme propose aux solos seniors de leur trouver un locataire, dont on vérifie soigneusement la fiabilité et la compatibilité avec le propriétaire, pour arrondir ses fin de mois et assurer une présence, voire une sécurité à ce dernier. « C’est l’idéal. Pourvu qu’on se mêle de ses affaires. C’est ça, le grand secret, se mêler de ses affaires. À ce moment là on est gagnant tous les deux. »
Stéphane, 29 ans, locataire de Edna Stéphane, encore célibataire (pas pour longtemps, dit-il) habite chez Edna depuis le début de sa formation comme policier, il y a neuf ans. Il a dû faire quelques séjours dans le Grand Nord, mais il est toujours revenu vivre chez elle. Il a développé une relation privilégiée avec elle. Ils s’entendent à ravir. « C’était la première personne que je visitais, ça a cliqué tout de suite. Ca me coûte un peu moins cher de loyer, c’est idéal, c’est aussi une façon pour moi de faire ma part pour les aînés. »
Fernand Bélisle, 83 ans Contracteur dans le domaine de la construction jusqu’à l’âge de 73 ans, Fernand est un homme d’une grande énergie physique et mentale. Il vit en trois ans la perte des trois femmes de sa vie : sa femme, sa fille et sa petite fille de 19 ans, brutalement kidnappée et tuée. Sa vie n’a plus de sens, jusqu’au jour où il se joint au groupe de La maison des grands-parents de Villeray, dans laquelle il s’implique graduellement. Il y accepte d’y jouer le Père Noël et ajoute à la fonction de distribuer des « cadeaux » qu’il trouve trop futile, celle de raconter d’abord une histoire aux enfants. C’est ainsi qu’il se découvre un talent insoupçonné de conteur. Mais cet homme exigeant veut « apprendre » comment faire de bons contes. Il s’inscrit dans un atelier d’écriture, un atelier de théâtre. Il finit par fonder une petite entreprise qui lui permet d’aller dans les écoles où il raconte des histoires « interactives », c’est-à-dire, prévues, écrites pour que les enfants réagissent durant l’histoire. « J’aimerais rester actif, jusqu’à la limite du possible… »
Linda Rabin, 59 ans Cette célèbre chorégraphe montréalaise a abandonné une carrière réussie, un environnement stable et gratifiant pour se remettre en apprentissage avec une maître dont elle reconnaît la compétence. Avec Linda, nous apprendrons qu’il arrive que même à l’âge mûr, on veuille changer radicalement de situation, de travail ou d’environnement. Toujours à l’avant-garde, elle adopte une nouvelle technique intégrale, le Continuum, qu’elle est en train de développer à Montréal. “Our perceptions of our bodies are shaped by our cultures. Yet we know that our bodies are affected by the rhythms of the earth and seasons, by light and darkness and temperature changes. But we often remain unaware of these biological processes as they are happening. There are thousands of organic changes taking place. We are constantly generating and inventing ourselves.”
Les participants en France
Yvon Castaing, 73 ans (Paris) Célibataire endurci, homme de passions, Yvon, après avoir pris sa retraite de chez Hermès, réalise son rêve le plus grand : celui de prendre des cours de théâtre. On remarque rapidement ce bel homme, on l’embauche comme figurant pour des films, puis une responsable d’agence de publicité lui offre sa chance : il devient modèle pour divers types de publicités intergénérationnelles. Il travaille à nouveau avec des jeunes et en est ravi. « Il faut prendre soin de son corps. J’utilise des crèmes, je m’oblige à marcher une heure et demie par jour… Il me reste quarante ans à vivre : c’est la vie de château! »
Sylvie Fabregon Directrice de l'agence Masters spécialisée dans les messages publicitaires employant des seniors. Le nom Masters a été choisi par Sylvie et les co-fondateurs qui considèrent les Seniors comme des « maîtres » dans l'art de vivre ou de survivre à toutes les épreuves de la vie. L’agence cherche à promouvoir une image plus positive de la vieillesse pour qu'elle devienne une inspiration autant pour les jeunes que pour les plus âgés. « Les publicitaires ont compris qu'il n'y avait pas « les jeunes, les adultes et les vieux », mais qu'il y avait des gens qui avançaient, qui étaient au début des enfants et à la fin des vieillards, et qu'entre les deux il y avait une vie et non des tiroirs. »
Betty Giraud, 62 ans Betty, née à Marseille, est un battante, une survivante. Elle a dû faire face à un destin plein d’embûches. Pourtant, elle réussira à élever ses deux fils tout en gagnant sa vie. Extravertie en apparence, Betty possède aussi un esprit profondément philosophe. Dans la jeune soixantaine, Betty se retrouve seule, sans famille, sans travail. Pour arrondir ses fins de mois, Betty crée une table d’hôte où elle mitonne de petits repas pour les jeunes familles et des employés du voisinage. Son activité est devenue une tablée de famille recomposée… de voisins! « À toutes les époques de ma vie, y a eu la galère. C’est incroyable ça! Je me suis demandée pourquoi j’avais tant souffert dans ma vie. Y a que moi qui peux répondre. Maintenant, je ne vois pas le temps passer. Je ne vois pas les jours, pas les semaines, pas les mois et maintenant je m’aperçois que ne je vois même plus les années. »
Les participants en Suède
Torsten Kindstrom, 57 ans (Stockhlom) Après avoir vécu plusieurs relations de couple, à long terme, Torsten vit seul désormais. Il travaille encore et ce style de vie lui convient. Il est aussi membre du collectif de Fardknappen. « C'est un bon équilibre, parce qu'en observant ces personnes âgées qui ont 60, 70, 80 ou 90 ans même dans un cas, je vois qu'on peut vivre pleinement quand on est vieux. C'est quelque chose que je trouve réconfortant. Je suis peut-être au 3e âge de la vie et quand j'aborderai le 4e âge, je pourrai encore avoir une bonne vie comme mes voisins ici. Je vis seul, mais je ne suis pas isolé. Je suis entouré de gens. »
Eva Sundkvist, 71 ans Eva a pratiqué la fameuse gymnastique suédoise toute sa vie comme un hobby. Arrivée à la retraite, elle devient monitrice et anime des cours quatre fois par semaine. La gymnastique suédoise – ou Saga Motion – inventée depuis plus d’un siècle est destinée à tout le monde. Cela permet à Eva d’avoir une activité et un petit revenu supplémentaire. Les participants à ses cours ont entre 60 et 90 ans. Elle parle de tout avec humour. « À quoi peut-on rêver quand on a soixante-dix ans? À vivre en forme, le plus longtemps possible et un jour… de tomber raide morte! »
Participante au Japon
Yukie Takasaki, 89 ans Yukie vit seule depuis près de 25 ans à Fukuoka. Après une vie de devoir auprès de son mari et de ses enfants, elle aime bien son nouveau style de vie et compte vivre seule aussi longtemps que possible. Fascinée par les robots, elle passe souvent au Robosquare, une sorte de surface commerciale où sont présentées les dernières trouvailles dans le domaine des robots de compagnie. Yukie attend avec hâte l’apparition d’un robot qui pourrait faire son ménage, car c’est la tâche qui lui devient de plus en plus difficile avec l’âge. « Presque tous mes amis sont décédés. Je n’ai plus personne à qui parler. Alors un robot de compagnie, ce serait vraiment bien. » C’est ainsi que nous retrouvons Yukie en compagnie de Ifbot, un robot qui a la forme d’un petit cosmonaute. Il remplit des fonctions variées d’aide technique, parle, chante, sert de surveillant et de relais aux aides médicales qui répondent à ses signaux. Il est spécifiquement conçu pour tenir compagnie aux seniors qui vivent seuls. Il a l’intelligence d’un enfant de cinq ans et doit remplir la rôle d’un petit-fils ou d’une petite-fille auprès des seniors esseulés.
Vieillir en solo : le défi fait suite aux documentaires Vivre en Solo et Solo Parent, au cours desquels je me suis penchée sur un phénomène inédit : celui de l’explosion du nombre de personnes qui vivent seules dans les pays développés. Nos sociétés ne savent pas très bien quoi penser, ni comment penser cette révolution démographique qui en inquiète plusieurs et qui constitue une première dans l’histoire humaine. Voilà pourquoi, en pénétrant dans plusieurs histoires de vie, j’ai désiré recadrer le sujet.
Avec le concours d’experts tels que Richard Lefrancois et Jean-Claude Kauffman, j’ai fait le tour de cette réalité avec ceux que j’appelle mes héros du quotidien, innovateurs mais surtout, attachants. En les choisissant dans quatre pays différents, j’ai voulu ouvrir de nouvelles perspectives sur cette cohorte que constituent les solos seniors dans le monde entier.
Quels sont les nouveaux modes de vie, inventés par ces solos seniors au fur et à mesure que le besoin s’en fait sentir? Quelles sont les innovations sociales qu’ils proposent? Quels sont les services que leur offrent ou ne leur offrent pas encore la société et le marché? Comment s’organisent-ils pour mener une vie pleine et entière tout en vivant seul(e)? Voilà les questions auxquelles j’ai tenté de répondre.
Le film suit une piste qui permettra à chaque spectateur et spectatrice d’y trouver son propre confort et ses propres réflexions.
La trajectoire d’être soi n’est jamais simple – et pas davantage quand on vieillit. Mais elle demeure passionnante. Voilà la conclusion que je tire de mon aventure dans la Terra incognita des solos.
Do?na Harap
Jamais dans l’histoire de l’humanité autant de personnes n’ont vécu seules, par choix ou non. À la tête de ces innovateurs sociaux, les solos seniors. La nouvelle longévité des humains entraîne un véritable tsunami de citoyens seniors dont presque la moitié « vivent en solo ». Le temps est devant eux, ils le savent. Ils sont en forme, ils sont mieux nantis et mieux instruits que les générations précédentes – des experts en témoignent. De la flexibilité du corps et de l’esprit à la fine pointe de la robotique, tout peut leur servir à surmonter le défi de vieillir longtemps en solo.
Filmés au Québec, en France, en Suède et au Japon, Edna, Betty, Fernand, Yvon, Torsten, Eva, Linda, Yukie et les autres nous racontent leurs stratégies d’autonomie, alors que leur santé, leurs relations, leur travail – toutes choses qu’ils prenaient pour acquises – sont remises en question. Leur vitalité, leurs choix de vie, de même que leurs nouvelles passions, méritent le détour. Comment nos sociétés se préparent-elles à vivre ce tsunami?