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Roger Pelerin
La vie de Roger Pelerin n’est qu’art, recherche et création ; quand il ne travaille pas, il y pense tout le temps. Quand il n’y réfléchit pas consciemment, il contemple la nature et se vide l’esprit, pour ensuite s’en inspirer. Créer est aussi vital pour lui que respirer ; c’est une façon de lutter contre la mort.
Roger Pelerin était membre du célèbre groupe L’Infonie, où les happenings hallucinogènes de la contre-culture alliaient tous les arts : musique, poésie, peinture, sculpture… En 1980, il décide de s’installer en Abitibi, sur l’Île Nepawa, à cheval sur la frontière inter-provinciale. De rat des villes, il devient rat des champs. Il découvre lentement que le monde qu’il a choisi d’habiter est l’extension parfaite de qui il est. Il s’y sent à l’aise et pas si marginal que ça entre les insulaires.
Roger est resté fidèle à ses idéaux écologistes et égalitaristes, toujours excentrique et plus que jamais critique. Il orne de ses magnifiques estampes les murs de nombreuses collections privées, de galeries d’art, d’institutions publiques et de musées, ainsi que de tellement de maisons. Ses œuvres sont accessibles et peu onéreuses : « c’est pour ça que je fais de la gravure, dit-il, parce que n’importe qui peut s’acheter une estampe ».
Même s’il ne devient pas plus riche, que la richesse de son environnement à l’île tranche d’avec sa pauvreté, il persiste et signe toute une série d’œuvres plus intéressantes les unes que les autres. À la fois poétiques et philosophiques, dans l’apparente simplicité de son trait proche de l’art naïf, elles sont pour la plupart inspirées par la nature et les histoires des insulaires.
En 2002, il a accepté de travailler sur une série de gravures pour commémorer la mort de Marc-Aurèle Fortin en Abitibi. En 2004, il a terminé le livre d’estampes sur la vie et l’œuvre du peintre. Malgré ses malchances, Roger est un modèle de réussite : c’est un artiste qui a affronté des misères sans nom, pour en quelques sortes faire sa chance et finir sa vie dans la paix.
Au printemps 2009, Roger Pelerin reçoit le Prix du public TVA Abitibi-Témiscamingue.
Renée Cournoyer
Renée Cournoyer, alias Ti-Loup, est un être surréel : elle est colorée, hyper expressive, à la fois cabotine à l’humour incisif et habitée par une sensibilité tangible.
Ti-Loup et Roger vivent ensemble depuis trente ans. Comme la plupart des vieux couples, ils se ressemblent : ils ont le caractère doux, ils sont humbles et idéalistes. Ils partagent un attachement qui va plus loin que l’amour, au-delà des souvenirs : c’est ce combat quotidien pour vivre de leur art.
La santé de Ti-Loup s’est dégradée et son gagne-pain de paysagiste devient de plus en plus difficile. Selon les recommandations de son médecin, elle doit rester sobre toute une année, sinon elle risque sa peau. Horticultrice, Ti-Loup vit vraiment en accord avec les saisons. Pour qui gagne sa vie en compagnie des plantes, l’été est la saison de prédilection, c’est l’aboutissement de son travail avec les plantes, et elle jouit du plein air dans un tel état de grâce qu’en été, elle dort dans la serre. Alors que le printemps la serre est pleine à craquer, c’est durant l’été et surtout l’automne qu’elle est occupée par le travail artistique, ses mosaïques. L’hiver, la serre est morte et vide, et Ti-Loup vit et travaille à la maison.
Bien qu’en harmonie avec l’environnement comme Roger, et vivant sans aucun regret, Ti-Loup vit dans un monde teinté de douleur. Sa récente découverte de Krishnamurti agit comme un baume sur elle.
Film contemplatif, maîtrisé, qui rend hommage à la liberté.
Vraiment un film très, très touchant
Un portrait très émouvant (…) C’est tout le quotidien de créateurs hors des centres, avec leurs angoisses, leurs espoirs, leur isolement, leurs éclairs d’intuition, qui surgit de manière touchante. Dans la beauté du panorama et l’œuvre à créer, de l’autre côté de l’alcool, dans la renaissance d’un peintre collé aux racines abitibiennes, Patrick Pellegrino dépasse son propos pour interroger les choix de vie, le sens de l’existence
Festival du cin?ma international en Abitibi-T?miscamingue Rouyn-Noranda 2009
Festival international du film sur l?art (FIFA) Montr?al 2010
Festival International du Film Insulaire Bretagne 2010
Prix G?meaux Finaliste dans la cat?gorie Meilleure biographie ou portrait 2011
Depuis toujours, je me sens interpellé par ces artistes marginaux attirés par les régions boréales du Canada : le Groupe des Sept, le parcours de René Richard et de Marc-Aurèle Fortin. Après mes études, j’ai cherché à découvrir, quelque part, un artiste marginal qui aurait surmonté ses difficultés personnelles, ses bibittes, et gagné la reconnaissance publique.
Un jour je suis tombé par hasard sur Roger Pelerin ; mais il ne représentait pas tout à fait ce que je recherchais. C’était à Amos, il y a plus de neuf ans. Quand je l’ai aperçu, Roger prenait une pause du travail éreintant qu’il exécutait avec sa conjointe, Ti-Loup : il terrassait le pourtour du stationnement, surveillé par Ronald McDonald. Comme j’avais été journaliste à l’hebdo régional, j’avais visité tous les bureaux du coin et presque partout, j’avais vu les œuvres de Pelerin flasher sur le blanc des murs anonymes. Lorsqu’il était question de culture en Abitibi, Pelerin revenait toujours dans la conversation. Au moment de ma rencontre avec lui, Roger avait le regard éteint. Quand je lui ai dit que je m’intéressais à ses estampes, son regard s’est un peu illuminé, et il m’a donné rendez-vous pour voir ses œuvres, chez lui, à l’Île Nepawa. Cette première rencontre a été le point de départ d’une longue fréquentation. J’ai vite constaté sa dépendance à l’alcool. J’ai tranquillement compris ses difficultés ; est-ce son combat pour la reconnaissance publique qui l’avait amené à boire? Ou est-ce une sensibilité à fleur de peau? Pendant ces années, je l’ai connu malheureux ; s’il réussissait en art, il ne réussissait pas à dompter sa soif insatiable. J’ai découvert que Ti-Loup, sa conjointe, se bat aujourd’hui corps et âme pour réussir les mêmes exploits que Roger.
D’une visite à l’autre, je fus ébranlé par l’œuvre de Pelerin, qui se situe aux frontières esthétiques de l’art « canadien » : c’est un regard à la fois naïf, contemplatif, mais lucide et contemporain sur l’île qui l’entoure, et aussi sur sa propre histoire personnelle. Son œuvre picturale est inspirée des paysages magiques de l’île, des insulaires, de leurs histoires... En fréquentant Roger, j’ai gagné sa confiance et découvert l’unique douceur de vivre qui caractérise son environnement immédiat.
En octobre 2003, Roger s’est désintoxiqué du poison qui le rongeait : il s’est « guéri », par sa seule volonté, et ce sans aucune thérapie ni gourou quelconque, de son problème d’alcool. Cela fait plus de six ans qu’il tient bon. Parallèlement, au même moment où il devenait sobre, Roger a entrepris de créer l’œuvre fleuve qui résumerait tout son parcours artistique : une sorte de testament.
L’Abitibi est une région mal connue : c’est aussi une région de très petites communautés isolées, certes, mais où l’entraide est présente, et la joie de vivre palpable. Dans ces campagnes à la nature vierge et indomptable, des gens humbles mais résolument indépendants d’esprits décident consciemment de vivre loin des grands centres, et ne troqueraient leur mode de vie excentrique pour rien au monde ; cela fait d’eux des êtres à part, des êtres d’exception.
Si sa simplicité n’est pas toute volontaire, si sa lutte contre l’alcool est motivée par une amélioration de son sort, si sa recherche de reconnaissance publique vise à le faire sortir de la pauvreté, il reste que Roger Pelerin est un être totalement intègre, et tenace, dont le parcours m’inspire énormément.
Ma curiosité n’a jamais été aussi grande vis-à-vis ce couple d’artistes marginaux, et torturés intérieurement, mais qui réussissent malgré les embûches à ne pas se perdre.
Patrick Pellegrino
Roger Pelerin est un artiste brillant qui a quitté la grand-ville pour le bout du monde, l'Île Nepawa, au fin fond de l'Abitibi, afin de vivre une vie singulière et créer sans se travestir, ni se perdre.
Sur quatre saisons, nous l'observons dans son minutieux travail d'atelier créer son oeuvre maîtresse : un magnifique livre d'estampes mettant en relief la petite histoire de son île perdue, ses gens simples mais vrais, et la nature, qui l'inspirent profondément.
Au quotidien, on découvre ses échanges, à la fois drôles et candides, avec les insulaires. On rencontre aussi Ti-Loup, sa compagne, un personnage haut en couleur qui tente à la fois de se libérer de son problème d'alcool et de se démarquer, elle aussi, en tant qu'artiste.
Un portrait d'artiste sans compromis, et un cheminement humain, fait de creux, de petites batailles et de joies.
Roger Pelerin est un artiste graveur qui a choisi il y a longtemps de vivre sur une île, dans un lac immense, au fin fond de l’Abitibi. Depuis, il trace son propre chemin, où il crée sans se travestir. L’artiste est forcément loin d’être riche, mais proche de son but : vivre de son art en région éloignée.
Au gré des saisons, nous observons Roger Pelerin, pilier de l’art en Abitibi, créer son œuvre testament, un livre d’estampes résumant son parcours artistique. Non seulement cette œuvre réunit-elle tous les thèmes de prédilection de l’auteur, mais sa création révèle la manière et la signature de l’artiste. Plus encore, elle dévoile sa véritable histoire d’amour avec sa patrie d’adoption, le paradis boréal de l’Île Nepawa et ses habitants. Nous faisons la connaissance de l’homme jovial à travers des scènes de création, des scènes intimes du quotidien et ses échanges avec sa compagne et ses amis.
Roger Pelerin partage sa vie depuis toujours avec Renée «Ti-Loup» Cournoyer, personnage haut en couleur, secoué de tempêtes, oscillant entre le découragement et la volonté de percer, elle aussi, comme artiste. Ti-Loup vit une année tout aussi décisive : elle chasse un alcoolisme morbide pour sortir de l’ombre.
Roger Pelerin, Ti-Loup, cette île perdue au nord de la frontière séparant le Québec de l’Ontario, et les autres insulaires marginaux de ce bout du monde, illustrent l’existence de ces artistes vivant éloignés des villes-centres, qui croient en leur oeuvre, mais qui doivent tous, à un moment ou à un autre, affronter la misère au quotidien, sans toutefois se perdre.
Ainsi introduit intimement dans la vie et dans l’environnement créatif de l’artiste, nous sommes témoins d’une certaine quête d’absolu, qui prend naturellement une dimension humaine.