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T?l?-Qu?bec
Pourquoi avez-vous voulu consacrer un documentaire aux jeunes enseignants?
J’ai tourné des films avec des enfants (La fiancée de la vie et Vues de l’Est) et j’avais envie de voir ce que vivaient les enseignants, des personnes significatives dans la vie des enfants, des adolescents. Dans Première année, je me suis intéressée plus spécifiquement aux professeurs du niveau secondaire. Le film est différent de ceux que j’ai tournés récemment (Country et Un toit, un violon, la lune), parce qu’il ne montre pas des gens blessés. Cette fois, j’ai voulu faire un documentaire d’observation sur le travail.
Les enseignants de votre film en sont à leur première année dans le métier.
Il y a une énergie propre aux gens qui entreprennent quelque chose. Il y a un très fort taux de décrochage chez les enseignants, un taux supérieur à celui qu’on observe dans les autres métiers. Je voulais notamment comprendre pourquoi 20 % d’entre eux abandonnent l’enseignement au cours des cinq premières années.
Le film s’attache à cinq enseignants, quatre femmes et un homme. Les hommes sont-ils si peu nombreux?
Au primaire, il n’y a que des femmes! Au secondaire, on trouve davantage d’hommes, mais il y en a de moins en moins. Peu d’hommes se sont manifestés lorsque j’ai lancé mon appel auprès des finissants des universités.
Y a-t-il des problèmes inhérents au tournage en milieu scolaire?
On a filmé chacun des professeurs avec deux ou trois groupes d’élèves aussi a-t-il fallu obtenir des autorisations parentales pour chacun d’eux. La très grande majorité ont donné leur accord. Je m’attendais à ce que ce soit plus difficile en ce qui concerne les jeunes qui ont des troubles de comportement. Cela n’a pas été le cas. Bien au contraire en fait.
Le film montre de jeunes enseignants surchargés, vulnérables, incertains de leur avenir professionnel.
La charge de travail est énorme, particulièrement au début, et l’exercice de la discipline exige beaucoup de leur attention. Une des enseignantes du film perd d’ailleurs son emploi parce qu’elle ne maîtrise pas suffisamment cet aspect du travail. Pourtant elle enseignait dans un collège privé. Aucun milieu ne semble à l’abri de l’intimidation, un problème qu’évoque le film. Néanmoins, j’espère avoir aussi présenté le bonheur de l’enseignement.
La caméra a-t-elle eu un effet sur la dynamique dans les classes?
Pendant dix minutes, pas davantage. Aujourd’hui, l’image est omniprésente. Tant de gens rêvent de faire partie d’une télé réalité... La présence de la caméra est vite oubliée.
Les jeunes enseignants ne sont pas pour autant libres de dire tout ce qu’ils pensent.
Un jeune enseignant qui se plaint ouvertement de ses collègues ou de ses conditions de travail risque de compromettre son avenir professionnel. Là comme ailleurs, il y a des milieux de travail où les rapports sont tendus et d’autres où les nouveaux venus sont appuyés par les plus anciens.
Que faut-il, selon vous, pour être un bon enseignant?
Il ne faut pas prendre les choses trop personnellement. Il faut à la fois être près des élèves et faire preuve de détachement. Certains professeurs prennent les choses très à cœur Cela peut se retourner contre eux.
Certaines choses vous ont surprise?
Cela m’a frappée à quel point il est rare que les jeunes travaillent tout seul en silence, en concentration. Le déficit d’attention semble généralisé. Il n’y a jamais deux minutes de silence dans les classes. Les professeurs sont donc en représentation trois ou quatre heures par jour, 180 jours par an. Pour réussir, ils doivent être de bons pédagogues, de fins psychologues et de vrais entertainers. Ceux qui réussissent le mieux aujourd’hui semblent ceux qui savent aussi divertir. Cela ne correspond pas au souvenir que j’ai gardé de mes professeurs.
Certains d’entre eux ont marqué votre adolescence?
Ceux qui me considéraient comme une personne à part entière, c’est-à-dire quelqu’un qui n’était pas forcément imbécile même si j’étais plus jeune qu’eux.
Vous aimeriez que votre film rejoigne un public donné?
J’espère que Première année sera vu, notamment, par les parents des élèves pour qu’ils sachent un peu mieux ce que ce que représente le travail de l’enseignant, ce que cela signifie d’avoir tous ces jeunes devant soi des journées entières. Aujourd’hui, l’enseignement ne me paraît pas très valorisé. Pourtant, c’est pour moi le plus beau métier du monde. Le plus important aussi. On passe notre jeunesse avec des étrangers qui jouent un rôle déterminant dans nos vies. À cause d’eux, l’on prendra à gauche ou à droite au moment de faire des choix. Quelle responsabilité!
Propos recueillis par Michel Coulombe.
Observatrice, Laganière entre dans les classes et filme ses personnages en action, s’effaçant devant eux, leur laissant l’espace nécessaire pour réfléchir sur la portée de leur travail. (…) La force du film réside dans l’authenticité de ces personnages dont les failles sont mises à nu : (ces enseignants) doutent et se remettent en question, révélant du coup leur profonde humanité.
Rendez-vous du cin?ma qu?b?cois (RVCQ) Montr?al 2010
Festival du film d'?ducation Paris 2010
Première année s'attache, sur toute une année scolaire, aux doutes et aux défis d'enseignants fraîchement émoulus de l'université. Plongée dans un monde, fait d'ombre et de lumière, où les problèmes de discipline ne sont pas toujours là où on les attend. Immersion dans une profession où il faut être à la fois pédagogue, psychologue et entertainer…
Première année s'attache, sur toute une année scolaire, aux doutes et aux défis d'enseignants fraîchement émoulus de l'université. Portraits de jeunes qui rêvent d'être des personnes significatives dans la vie de leurs élèves. Film d'observation qui témoigne de la passion, parfois bien fragile, de jeunes qui rêvent de changer le monde de l'enseignement.
Les professeurs de Première année sont dans la jeune vingtaine, ils exercent au secondaire, dans la grande région de Montréal et de Québec. Il y a Dominique, qui enseigne les maths à la manière d'une animatrice de camp de jour. Puis Isabelle qui tente d'inculquer les bases du français à des jeunes défavorisés de Laval. Jérémie, seul garçon de la bande, qui donne le goût des sciences à de jeunes adolescentes. Anne, en sciences elle aussi, qui souffre un peu dans son école privée. Catherine, enfin, qui a hérité d'une classe de trouble de comportement.
Première année est une plongée dans un monde, fait d'ombre et de lumière, où les problèmes de discipline ne sont pas toujours là où on les attend. Une immersion dans une profession où il faut être à la fois pédagogue, psychologue et entertainer…