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Nigel Osborne
Les oeuvres musicales de Nigel Osborne ont été présentées dans la plupart des grands festivals internationaux et interprétées par les meilleurs orchestres à travers le monde. Il compose aussi pour le théâtre et l’opéra : parmi ses prestations récentes, en 2003, un événement théâtre et musique, A Song about Love, avec Vanessa Redgrave et Birlyant Ramzaeva, une des grandes voix de la République de Tchétchénie.
Ses interventions, entre autres en Bosnie, sont à la fois politiques et artistiques. Et c’est avec une grande lucidité que le musicien, déjà très impliqué dans sa jeunesse en Pologne, dira, sans aucune trace de cynisme : « Les artistes qui se sont mêlés de politique ont laissé de mauvais souvenirs. Ils la gèrent mal. Mais je n’avais pas d'autre choix : il y avait tant à faire pour les enfants. »
En effet, c’est auprès des enfants traumatisés par la guerre et dans le développement d’une méthode de thérapie musicale qu’il trouve la plus belle réponse à son engagement. Il est sollicité de partout pour mettre sa sensibilité et son travail artistique au service de jeunes dans les Balkans, au Caucase, en Afrique et au Moyen-Orient.
Sans relâche et fidèle à lui-même, Nigel vient de passer un autre été en Istrie et en Croatie, avec les enfants et ses amis du Théâtre Ulysse (Ulysses Theatre), pour lequel il assurait la partie musicale de la pièce Marat-Sade, tout en composant sa prochaine œuvre.
Nigel nous a fait l’honneur d’accepter que sa musique soit présente tout au long du film Les Messagers.
Dominique Blain
L’artiste canadienne Dominique Blain expose un peu partout dans le monde. Depuis le milieu des années 1980, elle poursuit un travail cohérent où se fusionnent enjeux politiques et préoccupations formelles.
Évitant les pièges du didactisme que l'on associe souvent à l'art politique, l'artiste dénonce les rapports de pouvoir.; « Notre confort et notre indifférence, c'est à ça que je réagis. Pour moi, ce qui est important, c'est justement beaucoup plus ma position en tant que témoin. On est tous témoins de ce qui se passe, maintenant plus que jamais. » Ses œuvres et ses installations visuelles, « qui séduisent et inquiètent tout à la fois (...) nous laissent aux prises avec notre état humain et notre éthique » (L. Déry).
Tout en se méfiant de l’endoctrinement et du militantisme aveugle, Dominique Blain fait partie de ces artistes essentiellement préoccupés par l’histoire sociale et politique. Avec intégrité et persévérance, elle en fait le sujet primordial de sa pratique. Dominique signera l'oeuvre qui ornera l’une des façades de la Grande Bibliothèque du Québec. À l’hiver 2004, le Musée d’art contemporain de Montréal lui consacrera une rétrospective d’environ 25 œuvres, dont 6 installations (œuvres sculpturales, photographies et projections).
Daniel Mermet
Daniel Mermet, « engagé dégagé », journaliste en rupture, voilà des termes dont on affuble ce drôle d’oiseau. Avant d'entrer par effraction à Radio France, Mermet a fait, avec un talent égal, du dessin, des jouets en bois, de la peinture sur textile, du théâtre alternatif, du fromage de chèvre en Ardèche, des contes érotiques et d'autres pour enfants. Le point commun ? L'engagement et le sens de la composition.
Producteur de radio, Mermet crée et anime l’émission Là-bas si j’y suis sur France Inter : « Treize ans d’émission quotidienne: un objet radiophonique non identifié, ni un programme de divertissement, ni une émission d'information, mieux que tout ça (…) Ce qui sort du poste, c'est l'essentiel, la vie. » « Je fais partie de ces grands naïfs qui pensent que s’ils y sont, ça se passera pas comme ça. »
Bourdieu avait beau voir dans son émission « un pôle de radicalité », Mermet est trop égoïste pour se laisser enfermer dans une chapelle, même de gauche, trop personnel pour devenir le porte-parole de quiconque. Mermet a toujours été là où il fallait, avec ceux qu'il fallait, mais toujours en marge. « Il donne la parole à ceux que l’on n’entend guère (…) les anonymes qui souffrent, les anonymes qui résistent… » On peut l’entendre tous les jours sur France Inter (accessible via internet). Infatigable, il mijote toujours quelque chose, monsieur Mermet : un nouveau livre, une expérience théâtrale, une conférence… un dernier coup de gueule à la bêtise… Il ne craint pas d’affirmer que; « toute lutte paye! ».
Ernest Pignon-Ernest
Dès 1966, le plasticien niçois Ernest Pignon-Ernest inscrit son art dans la société, la cité, par « des coups de poing, en pleine rue ». Dans les cabines téléphoniques, sur les murs, de Lyon à Naples, au Chili ou en Afrique du Sud, Ernest Pignon-Ernest s’intéresse avant tout aux « drames des gens ».
« Au fond, à la limite, il n’y a même pas besoin de mes images. Si les gens savaient s'arrêter et regarder, ils seraient bouleversés par cette mise à nu de l'histoire des gens. » (E. Pignon-Ernest)
« Généreux comme un miracle, il dessine à la perfection, prend ses modèles dans la grande tradition iconographique et exile l’histoire de la peinture au beau milieu de notre histoire à nous » (Régis Debray). De l'apartheid jusqu'aux expulsions, il dénonce les discriminations de tout genre; à travers les personnages de Desnos, Rimbaud, Pasolini, Rosa Luxembourg, il interroge les mythologies, les religions et les archétypes qui fondent ses racines méditerranéennes. Ses œuvres « s’incrustent dans la peau des murs (…) comme des réponses qui suintent des façades et participent à construire l’avenir ».
Invité récemment par des amis africains, Ernest Pignon-Ernest participe à la lutte contre le sida à Soweto et à Capetown. Son Parcours mémoire Audin, réalisé à Alger début avril 2003, prendra place dans une exposition à l'automne 2003 à Paris. Elle devrait être présentée ensuite à Marseille et Alger.
Nicole Stéphane
En 2003, date du 40e anniversaire de la mort de Jean Cocteau, le troublant visage de Nicole Stéphane revient dans la tête des cinéphiles, elle qui interprétait Elisabeth dans Les enfants terribles, écrit par Cocteau et réalisé par Melville. Mais cela ne doit pas occulter un large pan de la vie de cette femme audacieuse et combattante qui a toujours défendu un cinéma innovateur. « Nicole Stéphane a fait les choix, inspirés ou déraisonnables, que sa passion lui dictait. [Elle] reste l’icône d’une résistance (...) Elle, qui par élégance s’est toujours refusée à donner des leçons, est devenue, sans le chercher, un exemple. » (E. Cozarinsky)
« Déjà actrice culte, brillante productrice, les films de Nicole Stéphane apportent, avec le goût de la beauté, une exigence de liberté. » Le parcours de Nicole Stéphane est teinté fortement par la guerre civile en Espagne vécue dans l’enfance et par la Seconde Guerre mondiale. C’est au cœur du conflit bosniaque qu’elle réalise son dernier documentaire, En attendant Godot à Sarajevo. Elle y filme Susan Sontag, mettant en scène la pièce de Beckett au cœur du siège de Sarajevo. Nicole avait produit, 20 ans plus tôt, le documentaire de Sontag La Déchirure, sur la guerre du Kipour, dans une série de quatre films qu’elle réalisait et produisait sur Israël.
« C’est très difficile de parler d'Israël. Pour moi, qui suis profondément juive, c'est une cicatrice. Il va se passer quelque chose. Quand on sait que ces deux peuples doivent, et vont vivre ensemble. Dans trente ans, ils vont vivre ensemble, ils vont travailler ensemble. J'en suis sûre, enfin je le crois. Je le crois de toutes mes forces et de tout mon cœur. » (N. Stéphane)
« Nicole Stéphane a souvent dû lutter seule. Les idées qu’elle a pu concrétiser l’ont été malgré d’énormes difficultés matérielles. Sa vie a été héroïque : au cœur de cette vie, il y a son amour du cinéma, il y a la grâce et la parfaite intégrité de Nicole. » (S. Sontag)
En 1999, la Cinémathèque française rendait un grand hommage à la cinéaste et productrice, dont les documentaires révèlent plus clairement et rapidement ses prises de positions comme messagère.
Susan Sontag
Susan Sontag semble collectionner les prix : le Prix de la paix des libraires allemands 2003 lui reconnaît la « défense de l’honneur et de la liberté de pensée dans un monde d’images fausses et de vérités déformées ». Ce printemps 2003, l’Espagne lui attribuait le Prix littéraire du Prince des Asturies, avec l'écrivaine féministe marocaine Fatima Mernissi. Le jury rend ainsi hommage à ces deux femmes qui « ont développé un travail littéraire dans plusieurs genres [et] qui, par leur profondeur de pensée et leurs qualités esthétiques, traitent des problèmes essentiels de notre temps ». Enfin, elle a reçu le Prix Jérusalem pour l’ensemble de son œuvre. En 1999, son roman En Amérique lui méritait le National Book Award.
Réputée pour ses combats en faveur des droits de l'homme, Susan Sontag est l’écrivain américain le plus « européen ». Figure de la scène new-yorkaise très engagée à gauche, elle est proche d’intellectuels français comme Roland Barthes.
Sontag ne se contente pas de parler. Elle pose aussi des gestes porteurs de sens, comme ses nombreux séjours à Sarajevo pendant la guerre en Bosnie. Elle y monte En attendant Godot sous les bombes. « Je voulais être ici en travaillant avec les gens ici, en produisant quelque chose ici, qui sera consommé ici. C'était pour eux, avec eux et pour eux. »
Après les attentats du 11 septembre 2001, Susan Sontag avait exprimé son opinion à l'encontre du patriotisme américain, ce qui lui avait mérité des menaces de mort. Cette fois-ci, elle exprime sa dissidence à propos de la guerre en Irak, dans les hebdomadaires Le Nouvel Observateur et Der Spiegel. Elle parle de son opposition à George W. Bush et de son pacifisme. Elle vient de publier un essai sur la photographie: Regarding the Pain of Others (2003).
Faruk Sijaric
Faruk Sijaric est directeur de l’Académie de musique de Sarajevo, en plus d’y enseigner le violon depuis 1980.
Pendant tout le siège de la ville, il a réussi à garder l’Académie ouverte et à y prodiguer des cours tous les jours. Une fois le conflit terminé, il met tout en œuvre pour redonner une vie culturelle et musicale à la Bosnie-Herzégovine et aux républiques avoisinantes. En 2001, il est l’hôte de la première conférence pan-balkanique des directeurs d’écoles de musique. Il crée un réseau d’échanges internationaux et devient président du centre Pavaroti à Mostar. Il est aussi le fondateur, avec d’autres musiciens, du World Peace Orchestra.
Vedran Smailovic
Vedran Smailovic est ce légendaire violoncelliste de Sarajevo qui, en pleine guerre, revêtu de son habit en queue de pie, jouera l’Adagio d’Albinoni chaque jour, pendant 22 jours, sur la place publique, à l’emplacement exact d’un terrible massacre, devant une boulangerie où des gens faisaient la queue pour du pain. Tout au long de la guerre, Vedran réalisera d’autres performances à travers la ville, bravant les snipers et les feux de l’artillerie.
Aux dernières nouvelles, Vedran était installé à Belfast. Il joue toujours du violoncelle. Il a enregistré un disque, Sarajevo to Belfast. Il s’est aussi produit en concert en compagnie de Tommy Sands, Joan Baez & Pete Seeger.
Birlyant Ramzaeva
L’actrice et chanteuse Birlyant Ramzaeva représente une des grandes voix de la République de Tchétchénie. Quand son mari, poète et écrivain, disparaît en 2000, elle se réfugie avec ses deux filles dans un pays voisin. Invitée par Vanessa Redgrave à Londres où elle donne un concert, elle participe, avec Nigel Osborne, à l’événement A Song about Love. Elle se joint au Théâtre Ulysse (Ulysses Theatre) en Istrie, qui présente, à l’été 2002, la pièce Medea (qui sera d’ailleurs reprise, avec Byrliant, à l’été 2004). Par le seul fait de chanter, sa vie est toujours menacée.
Un film très inspirant et très beau
Un documentaire courageux qui revisite d’un angle original les points chauds de la planète
Beautifully composed act of artistic engagement
Provocative, often inspiring
Banff Rockie Awards 2004 Nomination pour Meilleur documentaire sur les arts
Prix G?meaux 2004 Nomination pour Meilleur documentaire : soci?t? et pour Meilleure photographie documentaire
Festival international nouveau Cin?ma nouveaux M?dias de Montr?al 2003
Festival International du Film de Vancouver 2003
Les Escales Documentaires de La Rochelle 2003
Ann Arbour Film Festival 2004
Copenhagen International Documentary Film Festival 2004
Visions du r?el 2004
« Vous êtes pas tannés de mourir, bande de caves? » Cette phrase du poète Claude Péloquin, gravée par le sculpteur Jordi Bonnet sur l’une des murales qui ornent le hall du Grand théâtre de Québec, a suscité toute une controverse en 1969. Je commençais alors mon cours en arts visuels... C’était donc aussi ça le travail et le pouvoir d’un artiste : crier à la face du monde ce qu’il ne veut pas entendre.
Mais moi, je ne suis pas vraiment une gueularde. Je ne savais pas trop comment « faire hurler les murs », exprimer ma dissidence, dire l’indignation, l’injustice.
Vingt cinq ans plus tard, au retour de Sarajevo en 1996, je me sens vraiment démunie. Je me demande à nouveau comment faire hurler les murs. Je cherche des réponses. Y a-t-il une manière? Ou des manières?... Je veux rencontrer des artistes ayant un parcours assez long pour permettre la réflexion. Et je me mets en route.
Bien sûr, Sarajevo est au centre de mon questionnement. Car Sarajevo ne ressemble plus aux actualités : elle a un nom, un sourire, une voix, un café, un repas échangé, des pleurs et un fou rire. En même temps, tout près de moi, j’ai une amie malade, un autre qui vient de perdre son emploi ou un être cher, et celle-là avec une peine d’amour... Je n’ai pas de mots non plus pour ma sœur, mon voisin, cette amie...
Voilà donc le point de départ de ces rencontres avec ceux que j’appelle les messagers. Durant ce voyage, de Montréal à la Bosnie, en passant par l’Écosse et la France, plusieurs m’ouvrent leur portes, ouvrent leur cœur à mes interrogations. D’autres ne peuvent être au rendez-vous, occupés ailleurs. Surviennent aussi d’autres rencontres, inattendues, moments parfois inoubliables. Je me perçois comme une Candide – ce personnage de Voltaire –, propulsée sur les chemins où je croise ces messagers, ceux qui, comme le dit si bien Daniel Mermet, « ont cavalé partout sans savoir qu’ils ne recherchaient que la fraîcheur du possible ».
Je veux vous faire partager ces rencontres, car elles sont belles et graves. Et joyeuses!
Chacun de nous devrait se poser cette question : qu’ai-je fait à cette époque? Si je me suis tu, pourquoi ce silence? Si j’ai parlé, qu’ai-je dit et à qui cela a-t-il servi? Je crains que personne n’ait tenté de répondre à ces interrogations.
« L’engagement en littérature? Oui, évidemment. Non, certainement pas. Une seule question valable : pourquoi et contre quoi’. ‘S’engager pour’ est dangereux : on court toujours le risque de choisir le mauvais camp. Aujourd’hui l’inverse me semble plus important : s’engager contre quoi. Toutefois, là aussi le risque de se fourvoyer est grand. Ceux d’entre nous qui portent le nom d’artiste, un nom toujours plus insignifiant dans un monde tapageur et vide, doivent assumer ce choix en interrogeant leur esthétique et parfois leur conscience. » (Vidosav Stevanovic, Paris, août 2000).
Helen Doyle
Les Messagers : une rencontre inspirante avec des artistes engagés, un voyage à la découverte de leur parcours; chacun à sa manière s’oppose à la barbarie de notre époque.
À travers le monde, des artistes s’engagent contre la guerre et la barbarie. Les Messagers fait écho au parcours de certains d’entre eux, à leurs convictions et à leurs doutes. Les artistes qu’Helen Doyle a rencontrés n’ont pas attendu le soir du 11 septembre 2001 pour dénoncer « la grande bêtise ». Visionnaires lucides, ce sont aussi des personnages lumineux qui nous invitent à prendre action pour un meilleur lendemain.