Crédits

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  • Scénario, images et réalisationAraz Artinian
  • Images supplémentairesAlex Margineanu, Vahagn Ter-Hakobyan
  • Prise de son supplémentaireAlexandre Gravel, Dominique Chartrand
  • MontageAndrea Henriquez
  • Montage sonoreBeno?t Dame
  • Mix sonoreJean-Pierre Bissonnette
  • Consultante à la réalisationDorothy H?naut
  • Libération des droits (archives)Catherine Drolet
  • Assistant à la réalisationIan Oliveri
  • ProductionNathalie Barton, Ian Quenneville, Araz Artinian

Une coproduction de

InformAction

Twenty Voices

Produit avec la participation financière de

SODEC Soci?t? de d?veloppement des entreprises culturelles ? Qu?bec (Programme d'aide aux jeunes cr?ateurs)

Conseil des Arts et des Lettres du Qu?bec Arts m?diatiques

Conseil des Arts du Canada Arts m?diatiques

Contexte historique

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Presque 20 ans avant le génocide, le gouvernement turc de l’Empire Ottoman a commencé à commettre des atrocités envers les Arméniens. Entre 1894 et 1896 seulement, on estime que 300 000 Arméniens ont été massacrés ou ont péri dans la destruction de leurs villages. Près de 100 000 citoyens arméniens se sont enfuis à l’étranger. Pour s’assurer un avenir plus sûr, certains ont émigré en Égypte, d’autres en France et en Bulgarie. Finalement, plusieurs sont partis aux États-Unis, en majorité à Massachusetts et Detroit. Ceux qui y sont restés se sont fiés au projet de réforme d’ indépendance administrative locale, tel que proposé par le Traité de Berlin de 1878. Sous la pression européenne, le gouvernement ottoman a signé le projet en 1913, mais l’a annulé un an plus tard à cause de la Première Guerre Mondiale.

Depuis un coup d’état militaire en 1908, la Turquie ottomane était gouvernée par des nationalistes qui conclurent graduellement que la seule façon d’éviter d’autres pertes territoriales et la chute de l‘Empire étaient l’homogénéisation et la « turquisation » de cet état féodal multiethnique et multi-religieux. Plus précisément, les deux plus importants peuples chrétiens, les Arméniens et les Grecs, étaient alors considérés comme des traîtres. La Première Guerre Mondiale, pendant laquelle les Turcs s’étaient alliés aux Allemands, devint une occasion pour la Turquie de se libérer des suspects chrétiens. Le 14 novembre 1914, le chef spirituel de tous les Musulmans Sunnites déclara une Guerre Sainte, ce qui permit de qualifier les citoyens chrétiens – Arméniens, Grecs et Assyriens – d’ennemis de l’Empire ottoman. En 1915, un groupe de nationalistes Jeunes Turcs mit en œuvre un plan d’extermination de la population arménienne de l’Empire. Un million et demi d’Arméniens ont été systématiquement massacrés. La Première Guerre Mondiale masqua le génocide aux yeux du monde et « libéra » la Turquie de toute obligation morale.

Le génocide fut mis en œuvre par « l’Organisation spéciale », un service des renseignements, devenu ensuite un outil de guerre entre les mains du gouvernement. Le nombre des membres de « l’Organisation spéciale » atteint les 15 000 en 1915. Véritables initiateurs du génocide, parmi eux on retrouvait des détenus et beaucoup de membres de groupes ethniques musulmans déracinés par les guerres balkaniques et la conquête du Caucase par la Russie. Les atrocités étaient alors commises sous le couvert de « déportations », tandis que le gouvernement Jeunes Turcs ordonna aux Arméniens de quitter leur terre ancestrale. Esclavage et massacres réduisirent la population des hommes adultes, en particulier arméniens, alors que femmes, vieux et enfants étaient envoyés à la mort par une marche forcée dans le désert syrien.

Selon une estimation du 4 octobre 1916 par l’Ambassade impériale allemande de Constantinople, 1,5 million des 2,5 millions de la population arménienne vivant avant la guerre périrent en l’espace de seulement 18 mois.

Pour de plus amples informations, vous pouvez visiter : www.twentyvoices.com (en anglais) : le site web documentaire d’Araz Artinian consacré à 20 survivants du génocide et leur mémoire.


Presse

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Un film très intimiste (…) un véritable cri du cœur. Jacques Bertrand ? Radio-Canada

Un fascinant documentaire. Odile Tremblay ? Le Devoir

Avec beaucoup de sensibilité (…) la cinéaste mêle une intime réflexion sur sa propre identité, tâtonnant entre traditions et modernité, à une recherche pertinente sur l’histoire de son peuple. Helen Faradji ? Ici Montr?al

A stunning, truly beautiful and deeply affecting film. Atom Egoyan

Festivals

Staten Island Film Festival 2006 Prix du meilleur film international

Festival international de films de femmes de Saragosse 2008 Prix du public: meilleur documentaire

Prix G?meaux 2006 Prix G?meaux du multiculturalisme, finaliste dans la cat?gorie Meilleur documentaire: soci?t?

Yerevan International Film Festival 2006 Golden Apricot - Prix du nouveau cin?aste (Comp?tition Panorama arm?nien)

Avanca - International Meeting of Cinema, TV, Video and Multimedia 2006 Mention sp?ciale

Armenian Music Awards 2006 (Hollywood) The Genocide Recognition Award pour Araz Artinian

Les Rendez-vous du cin?ma qu?b?cois 2006, Montr?al Finaliste au Prix Pierre et Yolande Perrault (meilleur espoir documentaire) et au Prix de la tol?rance Ruth et Alex Dworkin

Yorkton Short Film and Video Festival 2006 Finaliste au Golden Sheaf Award pour le meilleur documentaire de point de vue

Festival international de films de femmes de Huesca 2008

Arr?ts sur Images, Charleroi 2008

Birds Eye View Film Festival, Londres 2007

Les Rendez-vous du cin?ma qu?b?cois et francophone de Vancouver 2007

Indianapolis International Film Festival 2007

EUROfEST - Le Festival de Films de l'Europe de l'Est ? Montr?al 2007

Festival des libert?s 2006 (Bruxelles)

Escales documentaires de La Rochelle 2006

Calgary International Film Festival 2006

REEL PEACE - World Peace Festival 2006 (Amnesty International - Vancouver)

MESA Film Festival, Boston 2006

Festival arm?nien ? l'Occasion de la comm?moration du 90e anniversaire du g?nocide arm?nien, Moncton 2005

Note d'intention

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« Comment vous appelez-vous? » me demandent les gens.
Je réponds « Araz » en devinant déjà la prochaine question.
« C’est de quelle nationalité? »
« Arménienne » dis-je, en anticipant encore cette réaction trop familière : un sourire de compassion ou, parfois, un visage confus.
« Quand êtes-vous arrivée au Canada? »

À cet instant, je prends habituellement une grande respiration et je me prépare à raconter de nouveau cette histoire que j’ai répétée au moins 5 000 fois.

« Je suis née ici. Mes parents sont nés en Égypte. Mes grands-parents paternels viennent d’Égypte. Mes grands-parents maternels sont nés en Turquie mais nous sommes tous arméniens. Voyez-vous, en 1915, un génocide a été commis par les Turcs à l’endroit des Arméniens. Il y avait une population de 2,5 millions d’Arméniens qui vivaient en Turquie ottomane. 1,5 millions d’entre eux furent massacrés durant le génocide et les marches forcées vers le désert syrien. Les autres ont été déportés vers différents pays. La Turquie nie l’existence même de ces événements. Aujourd’hui, il reste moins de 8 millions d’Arméniens dans le monde entier. 3 millions vivent dans l’Arménie actuelle; les autres 5 millions vivent dans la diaspora. Je suis l’une d’entre eux. »

Avec Le génocide en moi je me sens poussée à raconter l’histoire arménienne, qui est aussi mon histoire.

Lorsqu’un tel rituel de présentation fait partie de votre vie quotidienne, vous comprenez que le génocide n’est pas seulement un événement qui s’est produit en 1915. Vous comprenez aussi que vous êtes un vestige d’une civilisation très ancienne qui lutte aujourd’hui pour garder son identité nationale en terres étrangères. Vous ressentez chaque jour la lutte de votre peuple dans vos tripes. Les éléments de cette lutte constituent une énorme responsabilité pour ceux qui ont survécu et pour ceux qui devront transmettre leur histoire et leur culture à la prochaine génération. La pression de préserver la langue de nos ancêtres peut devenir, comme dans mon cas, énorme et parfois même insupportable.

Un besoin aussi naturel que trouver l’homme de sa vie et tomber en amour, devient très compliqué. « L’homme arménien ne parlera pas ta langue avec toi et tes enfants perdront leur identité arménienne » croient mes parents et les parents de presque toute ma génération. C’est justement la rupture des relations entre des parents arméniens et des filles de mon âge qui ont choisi un non-Arménien qui m’a poussé à faire ce film. On nous met dans la position de choisir entre l’amour et l’identité nationale. C’est un dilemme fou qui ne nous permet pas de vivre pleinement notre vie! Et ceci devient encore plus difficile avec l’âge.

Ce film, Le génocide en moi, porte sur mon besoin de m’évader de la pression, du fardeau imposé par l’histoire. J’ai besoin de comprendre. Je veux découvrir la source de l’obsession nationale de mon père. Ce genre d’obsession ne peut être née que de la perte et de la négation.

J’ai besoin de poser publiquement des questions sur mon identité, sur notre identité, sur l’importance de la langue et sur l’impact de la négation de l’injustice.  En travaillant sur ce film, en entreprenant mes voyages pour parler aux survivants du génocide arménien et en ayant le courage de me rendre dans l’est de la Turquie pour voir le pays de mes propres yeux et pour voir comment les Turcs présentent notre histoire, j’ai entamé le processus de compréhension.

En écrivant ces mots, je me demande « combien d’autres générations souffriront de l’impact du génocide? ». Parfois, la responsabilité de raconter l’histoire de cet événement et de chercher justice pour ces 1,5 millions de victimes me fait oublier les complications de ma vie personnelle. Ma propre vie devient insignifiante si on la compare à l’immensité de la tâche que je dois accomplir pour que cette cause soit reconnue. Je suis coincée entre deux mondes, ce qui m’a menée vers un voyage que j’ai appelé « Le génocide en moi ».

Ce film comble aussi mon profond désir de partager cette histoire avec les autres, d’aider la communauté arménienne à discuter de questions qui la hantent et de tendre la main à mes concitoyens canadiens et québécois pour les aider à comprendre leurs voisins arméno-canadiens.

Dois-je cesser de penser à mon identité nationale, à nos terres et à l’histoire du génocide arménien ou dois-je aller à leurs devants pour donner une signification à mon enfance et pour trouver justice? Je souhaite que ce film décrive un voyage personnel qui réconciliera peut-être mes univers.

Araz Artinian

Résumé court

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Film d’humour, de colère et de tendresse, Le génocide en moi raconte l’impact du génocide arménien de 1915 sur la vie de la jeune cinéaste Araz Artinian, qui a dû endosser dès l’enfance ce lourd héritage. Dans ce voyage intérieur, Artinian, déchirée entre l’engagement passionné de son père pour les Arméniens de la diaspora et le désir de s’en libérer pour faire sa propre vie, confronte la réalité du melting-pot multiculturel, et se pose la question universelle « Qui suis-je ? ».

Le documentaire mêle adroitement archives 8mm tournées par le grand-père de la cinéaste entre les années 40 et 80 en Égypte et au Canada, photographies – intenses et inédites – du génocide, vidéo-journaux de la réalisatrice et une narration profondément habitée. À travers d’émouvants entretiens avec les derniers survivants du génocide aux États-Unis et un difficile voyage en Turquie, Artinian remonte aux sources de l’obsession de son père, une obsession née du refus de la Turquie de reconnaître le génocide et de la peur de voir disparaître la culture arménienne.

Avec la participation de Vrej-Armen Artinian, Nazan Artinian, Yervant Artinian, Alice Der Parseghian, Hagop Asadourian, Kevork Balian, Vartanoush Boghosian, Vartan Hartunian, Sharon Somers et Engur Yener.