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PERSONNAGES PRINCIPAUX

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Simon

Simon, c’est le « petit frère » dont je m’occupe bénévolement depuis une quinzaine d’années. Suite au décès de sa mère en mars 2010, il est placé en foyer de groupe puis, après unséjour infructueux, en centre jeunesse. Il n’a alors que 13 ans… Fugueur impulsif et grand consommateur de marijuana, il refuse toute forme d’autorité et va même jusqu’à participer à une émeute avec d’autres jeunes de Cité des Prairies. Après sa sortie de centre jeunesse, il vivote d’un appartement à l’autre et fréquente des membres de gangs de rue. Marqué par la révolte et la rupture, son parcours s’ouvre toutefois sur une certaine prise de conscience alors qu’il se retrouve à vivre dans une situation de quasi itinérance dans la voiture d’un de ses amis.


Philippe-Olivier

Philippe-Olivier, qu’on surnomme P.O., est issu de la classe moyenne aisée. C’est un original qui n’hésite pas à affirmer haut et fort ses opinions, malgré le caractère instable de sa psyché. À 14 ans, une surdose de pot l’a plongé dans une psychose toxique… Depuis, il tente de se trouver lui-même à travers les différents diagnostics et médicaments que lui prescrivent les psychiatres. Passant de clown sculpteur de ballons à étudiant en soudure, Philippe-Olivier est prêt à tout pour s’en sortir et impressionner ses parents qui l’ont « abandonné » en centre jeunesse.


Scoobey

Scoobey est placé en famille d’accueil dès l’âge de 3 ans. À 14 ans, ses parents d’adoption l’abandonnent à leur tour. Il est placé au Mont Saint-Antoine où il met en place un petit réseau de vente de pot et de mescaline. Après avoir dealé du crack au centre-ville et fait quelques séjours en prison, Scoobey fait la rencontre de l’organisme Ali et les princes de la rue. Il décide alors de devenir un « guerrier » des arts martiaux mixtes et de prendre sa vie en main. Il se fait des amis au gym et commence même à travailler en construction. Une rupture amoureuse le replonge toutefois dans ses blessures de jeunesse et lui fait perdre pied. 


Note d'intention

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Il y a un peu plus de 10 ans, j’ai décidé de m’impliquer bénévolement auprès d’un petit «poqué» du quartier Hochelaga-Maisonneuve. La mère de Simon consommait de l’héroïne quand elle était enceinte de lui. À 5 ans, Simon fuguait déjà la nuit par la fenêtre et il mettait le feu à une voiture avec ses amis. Peu après, je devenais son « Grand frère ». Simon entrait définitivement dans ma vie, et moi dans la sienne. Je lui ai appris à nager, à faire du vélo, à patiner, à apprécier le cinéma d’auteur et j’ai même organisé des campagnes de financement pour l’envoyer dans un pensionnat privé.
 
En mars 2010, la mère de Simon est décédée des suites d’une longue maladie. À 13 ans à peine, Simon a fait un séjour infructueux en foyer de groupe [1] puis s’est retrouvé en centre jeunesse, sans trop comprendre ce qui lui arrivait. Il a goûté à quelques « arrêts d’agir » [2] . Il est passé du Mont Saint-Antoine à Cité des Prairies, a changé trois fois de travailleuse sociale et cinq fois d’éducateur, pour différentes raisons administratives. À 15 ans, il a fait plusieurs fugues de quelques jours et vendu de la drogue pour un gang de rue. Des gens m’ont dit qu’il allait sortir des centres jeunesse encore plus « fucké » qu'avant, que c'était une « école du crime ». C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de vérifier et d’essayer de comprendre par moi-même ce qui allait arriver à mon petit frère… Je voulais savoir, au fond, s’il avait une chance de s’en sortir?
 
Au-delà de mon statut de bénévole et de son étiquette de jeune délinquant, un amour profond, filial, nous unit, Simon et moi. C’est cet amour qui me pousse à vouloir témoigner pour lui et pour tous les jeunes que j’ai rencontrés dans les centres jeunesse. C’est cet amour qui m’a fait le jumeler avec deux jeunes qui avaient vraiment le goût de s’en sortir : Philippe-Olivier et Scoobey. C’est aussi cet amour qui refuse de les juger, de les condamner d’avance ou de faire l’amalgame en disant qu’ils sont tous pareils et que ce sont simplement de futurs criminels. J’ai fait un film volontairement confrontant et sans complaisance pour chercher à ébranler la société québécoise dans ses certitudes, comme moi j’ai été ébranlé dans les miennes. En cavale est en effet le premier documentaire québécois à montrer à visage découvert des mineurs suivis par la DPJ [3], et à les filmer ensuite après le jour de leurs 18 ans. Je tenais absolument à témoigner de la détresse et de la détermination qui brillent à chaque instant dans leurs yeux afin que le public puisse lui aussi s’identifier à eux et mieux comprendre à quoi ils font face. Si je les ai suivis dans les hauts et les bas de leur vie durant plus de 5 ans, c’est essentiellement parce que je pense que le gouvernement devrait offrir plus de ressources et d’espoir à ces jeunes qui jouent au « tough » pour cacher leur grande vulnérabilité.

NOTES 

[1] Appartements communautaires administrés par les centres jeunesse, réservés aux jeunes qui ont un bon comportement et qui sont semi-autonomes.
 
[2] Retrait dans une unité spéciale pendant 24 ou 48 heures - voire plusieurs jours - si le jeune menace les autres ou s'il se met lui-même en danger.  C’est une mesure exceptionnelle, encadrée par des règles strictes.

[3] L’entente avec le contentieux des Centres jeunesse de Montréal – institut universitaire stipulait qu’aucune diffusion n’était approuvée avant que les jeunes n’atteignent leur majorité et qu’ils consentent à nouveau à la sortie du film.

Mathieu Arsenault

Résumé court

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Après des années de centres jeunesse, Simon, P.O. et Scoobey luttent pour s'extraire d'un univers qui flirte avec la délinquance, pour trouver leur place et voler de leurs propres ailes. 

Résumé long

Simon est un jeune avec d’importants troubles d’attachement et de comportement. Pour le réalisateur, c'est également et surtout son « petit frère » depuis plus de 15 ans via un programme de jumelage bénévole. Simon a vécu plusieurs années dans ce qu’il a appelé « sa prison pour jeunes », un centre jeunesse de l'est de Montréal.
 
Qu’allait-il lui arriver à 18 ans, quand il n'y aurait plus personne pour le protéger de lui-même? Partant de ce questionnement, on suit Simon pendant ses premiers mois d’insertion en société, ainsi que Philippe-Olivier et Scoobey, deux autres jeunes qui sont passés par les centres et qui luttent eux aussi pour échapper à leurs démons et faire leur place au soleil.
 
Portrait croisé de trois garçons en route vers l’âge adulte, capté sur plus de 5 ans, le film se veut une incursion profondément humaine dans leur univers. S’il flirte par moment avec la délinquance, c’est surtout le désir de s’en sortir et de voler de leurs propres ailes qui les motive.