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Cet ancien mineur « de-père-en-fils » aime à dire qu’il a un cœur de pierre. À 17 ans, Berny entrait à la mine de cuivre de Chapais. Son rêve d’avoir une famille et de reprendre le métier de ses ancêtres s’est terminé abruptement, le jour où la mine a fermé et que sa femme est partie avec ses deux jeunes filles. Se retrouvant seul avec son fils, Berny s’est mis à charrier de la roche pour évacuer sa colère et surmonter ses deuils. Depuis, les roches s’accumulent chez lui autant que les souvenirs de ses enfants, seules traces de sa vie d’avant.
Berny est l’incarnation de l’homme du Nord, taillé dans le roc. Mais derrière son armure, se cachent finalement un cœur tendre et une grande sensibilité. Artiste à ses heures, il passe les grands froids d’hiver à travailler le bois. Au fond de lui, sa fierté de mineur demeure intacte. Comme il dit : « mineur un jour, mineur toujours ».
Originaire du Lac St-Jean, Pico est arrivé dans la région de la Baie-James à l’âge de 7 ans. Il aurait aimé être cuisinier ou garde-chasse. Il est devenu mineur, pour le salaire surtout. À la fermeture de la mine Mestone de Chibougamau, il est parti travailler à l’étranger pendant plusieurs années, avant de revenir à ses racines, à Chapais.
Passionné de pêche, de trappe et de chasse, le bois c’est son élément. Bien que la trappe des animaux à fourrure soit illégale pour les « Blancs », Pico revendique les mêmes droits que les Autochtones sur son territoire. Entre deux jobines pour les prospecteurs attirés par le prochain boom minier de la région, Pico et ses chums se rejoignent pour une partie de pêche sur la glace. Le calme et la liberté du Nord, c’est son salaire.
Son vrai nom? Alain Dallaire, mais tout le monde l’appelle Pico. « Peut-être parce que chu p’tit. On m’appelle de même partout sur la Terre.»
Originaire du Bas-St-Laurent, Jean-Yves était encore enfant quand son père est venu travailler à la mine de Chapais, en 1955. Ils ont été l’une des premières familles à s’y installer. À l’âge de 16 ans, Jean-Yves entrait à la mine à son tour, jusqu’à la fermeture, en 1991.
Après son divorce, il est venu vivre dans son chalet du Lac Cavan, où il habite maintenant avec sa blonde, Flo. Quand il n’est pas dehors, il bricole dans son garage, qu’il a construit lui-même, rempli de tous les outils et de toutes les pièces mécaniques pour pouvoir se dépanner seul. Passionné de ski-doo, Jean-Yves est très fier de sa collection de modèles de différentes époques, qu’il entretient avec soin, en particulier son plus vieux, un authentique Bombardier 1964. Comme à chaque hiver, il le prépare pour participer au rallye des minounes de Chapais.
En attendant le printemps est la rencontre, extraordinaire, entre l'univers pictural de Jean Paul Lemieux et l'atmosphère silencieuse, écrasante et bouleversante des films de Sébastien Pilote. Aussi bien dire qu'au bout des 80 minutes de visionnement de ce documentaire qui fait date, on ressort le coeur en charpie. Tant mieux ! C'est aussi à cela que sert le cinéma.
Au travers un constat actuel de la vie dans le nord, Marie-Geneviève Chabot livre un film simple et touchant et qui va à l'essentiel, avec un grand respect pour les lieux et la population. Des personnages bien choisis, croqués dans leur moments de tout et de rien, d'aujourd'hui et d'hier mais surtout de souvenirs...
Discrète derrière la caméra, Marie-Geneviève Chabot recueille leurs confidences touchantes qu’ils partagent avec une émotion en retenue et en peu de mots. À ces scènes croquées dans leur intimité succèdent d’hypnotiques images hivernales, lesquelles illustrent éloquemment les rigueurs de la blanche saison et l’isolement de ces hommes qui refusent de se laisser abattre.
Ce récit intimiste, au sein d’une communauté délitée, rappelle à quel point toute histoire mérite d’être racontée. Il démontre également que le cinéma doit être cet art qui, loin d’abrutir les petites gens, s’attache à eux pour mieux les montrer dans leurs tourments
Après "Bonne chance", "Les Mètres carrés oubliés" et "Le Peuple de bronze", la cinéaste a beau jeu d'aborder un thème comme l'attachement à la terre. Et de son œuvre se dégage une précieuse portée didactique.
Un très beau film, à forte teneur poétique, chargé de silences parlants, de belles images. Très inspirant. Très touchant, très humain.
Un film (...) qui prend le temps d'écouter des gens. Une œuvre sincère. Une œuvre très rafraîchissante.
Rendez-vous du cin?ma qu?b?cois (RVCQ) Montr?al 2013
Festival du cin?ma d'ici ? Pr?vost 2013
Prix Jutra du meilleur documentaire 2014
Je suis arrivée dans le Nord-du-Québec en 2009. Montréalaise depuis toujours, cette région n’était alors pour moi qu’un endroit flou, à peine esquissé sur les cartes. Au bout des 300 km d’épinettes qui le séparent de toute civilisation, le Nord est un pays à part. Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander : pourquoi? Pourquoi être venu aussi loin, pourquoi avoir érigé des villes au milieu de nulle part, et pourquoi s’être entêté à y rester.
L’interrelation entre l’Homme et le lieu est un thème récurrent dans mes films. Derrière cette fascination pour le rapport au lieu et pour la volonté des personnages de s’y inscrire, il y a ma propre quête pour trouver ma place.
Bâti autour des mines il y a à peine quelques décennies, le Nord est pour moi un monde d’hommes, et c’est pourquoi les personnages du film sont essentiellement masculins. Ceux que j’ai rencontrés, au bout de la route, portaient la dureté des traits de ceux qui ont bûché dur, l’épaisseur de la peau, presque du cuir, et la fierté.
Accrochés à leur petite cabane à pêche ou leur garage, comme des symboles de leur ancrage sur cette terre de roches, maîtres de leur royaume bricolé, patenté, ces hommes apparaissent tantôt forts comme le roc, tantôt si petits, perdus au milieu de cette nature toute puissante. En les montrant en action, dehors, se jouant de l’hiver, j’ai voulu montrer la grande force de vie qui les habite. Rendre hommage à leur entêtement. Célébrer leur fragile présence.
Cette contrée lointaine, c’est aussi pour moi le Far North, avec ses dunes de neige, ses villages aux allures western et ses vastes étendues où chevauche l’homme solitaire, à dos de ski-doo.
L’hiver dans le film représente l’état engourdi dans lequel se trouve la région depuis la fermeture des mines. Mais il incarne aussi le pays, le territoire, dans lequel les personnages ont choisi de rester. Parce que finalement, c’est d’appartenance dont il est question. Même déracinée, cet hiver là est le même que j’ai toujours connu. La neige efface les contours et soudainement je me sens chez moi. C’est de là que je viens.
Moi qui suis une fille du « Sud », je me surprends à retrouver dans le Nord une parcelle de mon identité. Comme si j’étais remontée à la source de ma culture, là où toutes les rivières et les histoires du Québec commencent. Comme si ce pays imaginaire existait pour vrai.
Ce lieu, finalement, cette maison, n’est plus un lieu physique. Il est dans la certitude, soufflée par le vent, que j’appartiens, moi aussi, à toute cette immensité, à cette infinité blanche, à ce grand frisson.
Marie-Genevi?ve Chabot
Pendant la longue saison de l’hiver au Nord-du-Québec, Berny et ses voisins vivent au rythme tranquille des jours, à gosser du bois, se préparer pour le rallye des minounes et pêcher sur la glace. Anciens mineurs, ils ont décidé de rester dans la région malgré la fermeture des mines et le départ de leurs proches. Cet hiver du bout du monde, c’est chez eux.
En attendant le printemps, c’est une histoire faite de neige, de vent, de roche et de résistance, racontée avec la poésie des vastes silences et des mots taillés à la chainsaw. C’est la rencontre d’une terre mythique, où les grands espaces abritent encore des hommes à la fois libres et solidement ancrés dans le territoire. Des hommes amochés mais magnifiquement vivants.
Au beau milieu d’un lac gelé, à quelques kilomètres du village minier de Chapais, non loin de Chibougamau, des hommes attendent patiemment que le poisson morde. L’écho d’un ski-doo traverse le silence. Un feu dans un poêle à bois fait reculer le froid et l’ennui.
Berny, Pico, Jean-Yves et leurs voisins du Lac Cavan ont choisi d’habiter cet hiver du bout du monde. Amateurs de pêche sur glace, de chasse et de ski-doo, ils rêvent au garage qu’ils vont se construire ou à leur prochaine expédition en forêt.
Tous d’anciens mineurs pour la mine d’or de Chapais, leur vie a basculé quand une série de deuils a frappé leur communauté. Un incendie meurtrier en 1980, puis la fermeture de la mine au début des années 90, mènent au départ de plus de la moitié de la population.
En décidant de rester dans le Nord, ils ont aussi décidé de rester seuls. Leurs amis et leurs enfants sont partis depuis plusieurs années pour le Saguenay, l’Abitibi, Québec, Montréal. Ils ont bien essayé, eux aussi, d’aller vivre ailleurs, mais leur âme sauvage était restée à tout jamais accrochée aux grandes épinettes.
Après avoir tout perdu, leur job, leur femme, leurs enfants, leur maison, ils continuent de rester debout, en marche. Des parties de pêche sur glace, un rallye de minounes au village, une ride de ski-doo et des heures à gosser du bois ; c’est la vie qui continue, c’est un autre hiver qui ne semble pas avoir de fin, c’est un pays de givre, leur pays.
À travers l’histoire de Berny, c’est aussi l’histoire d’une communauté qui nous est racontée, des souvenirs ensevelis sous la neige qui sont déterrés. C’est le Nord et la blancheur de ses paysages infinis, son froid qui fige le temps. Et le vent qui enseigne la liberté. On comprend alors ce qui les retient là.
Le film se termine sur l’espoir d’une reconstruction, plus solide celle-là. Sa maison, Berny la fera en roches, pour résister aux assauts de la nature et du temps, pour qu’elle soit « indestructible ».
En attendant le printemps, c’est une histoire faite de neige, de vent, de roche et de résistance, racontée avec la poésie des vastes silences et des mots taillés à la chainsaw. C’est la rencontre d’une terre mythique, où les grands espaces abritent encore des hommes à la fois libres et solidement ancrés dans le territoire. Des hommes amochés mais magnifiquement vivants.
C’est une histoire de pêche, mais une histoire vraie.